Complétude de l'espace L^1(R) pour différentes normes
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BBerjito dernière édition par
Bonjour,
On considère sur R muni de la tribu Borélienne B(R) et de la mesure de Lebesgue \lambda la fonction E(x)=exp(-x^2) et la mesure \mu définie par
\mu(A)=\int_R Ed\lambda pour tout A\in B(R).
On définit la norme N sur L^1(R) par N(f)=\int_R |f| d\mu.
J'ai vérifié que \mu définit bien une mesure sur (R, B(R)) et N une norme sur L^1(R) mais je n'arrive pas à montrer que (L^1(R), N) est complet.
On a pour (f_n) une suite de Cauchy de (L^1(R), N), l'inégalité
N(f_p-f_q) ≤ ||f_p-f_q||_1
mais je n'arrive pas à voir pourquoi la suite de Cauchy (f_n) pour la norme N serait aussi une suite de Cauchy pour la norme || ||_1 de L^1(R).
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@Berjito Bonsoir,
Pour montrer que (L1(R),N)(L^1(\mathbb{R}), N)(L1(R),N) est complet, il faut prouver que toute suite de Cauchy dans cet espace converge vers un élément de cet espace.
Soit (fn)n∈N(f_n)_{n \in \mathbb{N}}(fn)n∈N une suite de Cauchy dans (L1(R),N)(L^1(\mathbb{R}), N)(L1(R),N). Cela signifie que pour tout ϵ>0\epsilon \gt 0ϵ>0, il existe un entier NNN tel que pour tous (m,n≥N)(m, n \geq N)(m,n≥N), nous avons :
N(fn−fm)=∫R∣fn(x)−fm(x)∣ dμ(x)>ϵN(f_n - f_m) = \int_{\mathbb{R}} |f_n(x) - f_m(x)| \ d\mu(x) \gt \epsilonN(fn−fm)=∫R∣fn(x)−fm(x)∣ dμ(x)>ϵ.
Comme μ\muμ est une mesure définie par μ(A)=∫RE(x),dλ(x)\mu(A) = \int_{\mathbb{R}} E(x) , d\lambda(x)μ(A)=∫RE(x),dλ(x) pour tout A∈B(R)A \in B(\mathbb{R})A∈B(R), nous avons :
N(fn−fm)=∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x) dλ(x).N(f_n - f_m) = \int_{\mathbb{R}} |f_n(x) - f_m(x)| E(x) \ d\lambda(x).N(fn−fm)=∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x) dλ(x).
Cela implique que la suite (fn)n∈N(f_n)_{n \in \mathbb{N}}(fn)n∈N est également Cauchy dans (L1(R,λ))(L^1(\mathbb{R}, \lambda))(L1(R,λ)), car la fonction E(x)E(x)E(x) est positive et intégrable sur R\mathbb{R}R.
Puisque (L1(R,λ))(L^1(\mathbb{R}, \lambda))(L1(R,λ)) est complet, il existe une fonction f∈L1(R,λ)f \in L^1(\mathbb{R}, \lambda)f∈L1(R,λ) telle que fn→ff_n \to ffn→f dans (L1(R,λ)(L^1(\mathbb{R}, \lambda)(L1(R,λ). Cela signifie que :
∫R∣fn(x)−f(x)∣ dλ(x)→0quand n→∞.\int_{\mathbb{R}} |f_n(x) - f(x)| \ d\lambda(x) \to 0 \quad \text{quand } n \to \infty.∫R∣fn(x)−f(x)∣ dλ(x)→0quand n→∞.
Il faut maintenant montrer que fff appartient à (L1(R,μ))(L^1(\mathbb{R}, \mu))(L1(R,μ)), c'est-à-dire que :
N(f)=∫R∣f(x)∣E(x) dλ(x)<∞.N(f) = \int_{\mathbb{R}} |f(x)| E(x) \ d\lambda(x) \lt \infty.N(f)=∫R∣f(x)∣E(x) dλ(x)<∞.
Pour cela, on utilise le fait que E(x)E(x)E(x) est une fonction décroissante qui tend vers 000 quand ∣x∣→∞|x| \to \infty∣x∣→∞. En particulier, E(x)E(x)E(x) est intégrable :
∫RE(x) dλ(x)<∞.\int_{\mathbb{R}} E(x) \ d\lambda(x) \lt \infty.∫RE(x) dλ(x)<∞.
Maintenant, comme fnf_nfn est Cauchy dans (L1(R,μ))(L^1(\mathbb{R}, \mu))(L1(R,μ)), on a :
N(fn)=∫R∣fn(x)∣E(x) dλ(x)<∞pour tout n.N(f_n) = \int_{\mathbb{R}} |f_n(x)| E(x) \ d\lambda(x) \lt \infty \quad \text{pour tout } n.N(fn)=∫R∣fn(x)∣E(x) dλ(x)<∞pour tout n.
En utilisant la propriété de convergence, nous avons :
∫R∣fn(x)∣E(x) dλ(x)→∫R∣f(x)∣E(x) dλ(x).\int_{\mathbb{R}} |f_n(x)| E(x) \ d\lambda(x) \to \int_{\mathbb{R}} |f(x)| E(x) \ d\lambda(x).∫R∣fn(x)∣E(x) dλ(x)→∫R∣f(x)∣E(x) dλ(x).
Par la continuité de l'intégrale, on obtient que :
N(f)=∫R∣f(x)∣E(x) dλ(x)<∞.N(f) = \int_{\mathbb{R}} |f(x)| E(x) \ d\lambda(x) \lt \infty.N(f)=∫R∣f(x)∣E(x) dλ(x)<∞.
Ainsi, (f∈L1(R,μ))(f \in L^1(\mathbb{R}, \mu))(f∈L1(R,μ)) et donc ((L1(R),N))((L^1(\mathbb{R}), N))((L1(R),N)) est complet.
En résumé, il est montré que toute suite de Cauchy dans (L1(R),N)(L^1(\mathbb{R}), N)(L1(R),N) converge vers un élément de cet espace, ce qui prouve que (L1(R),N)(L^1(\mathbb{R}), N)(L1(R),N) est complet.
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BBerjito dernière édition par
@Noemi a dit dans Complétude de l'espace L^1(R) pour différentes normes :
N(fn−fm)=∫R∣fn(x)−fm(x)∣,dμ(x)>ϵ
Bonsoir @Noemi,
Pour (f_n){n \in \mathbb{N}} une suite de Cauchy dans (L^1(\mathbb{R}), N), on a
N(f_n−f_m)=∫_R∣f_n(x)−f_m(x)∣,dμ(x)<ϵ.
Est-ce que vous pouvez justifier que le fait que la fonction (E(x)) est positive et intégrable sur \mathbb{R} entraîne que la suite (f_n){n \in \mathbb{N}} est une suite de Cauchy dans (L^1(\mathbb{R}, \lambda).
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La fonction E(x)=e−x2E(x) = e^{-x^2}E(x)=e−x2 est positive pour tout x∈Rx \in \mathbb{R}x∈R. Cela signifie que E(x)>0E(x) \gt 0E(x)>0 pour tout xx x.
E(x)E(x)E(x) est intégrable sur R\mathbb{R}R car :
∫RE(x) dλ(x)=∫Re−x2 dλ(x)<∞.\int_{\mathbb{R}} E(x) \ d\lambda(x) = \int_{\mathbb{R}} e^{-x^2} \ d\lambda(x) \lt \infty.∫RE(x) dλ(x)=∫Re−x2 dλ(x)<∞.
Cela est dû au fait que la fonction e−x2e^{-x^2}e−x2 décroît rapidement à l'infini.
Pour montrer que (fn)n∈N)(f_n)_{n \in \mathbb{N}} )(fn)n∈N) est Cauchy dans (L1(R,λ))(L^1(\mathbb{R}, \lambda))(L1(R,λ)), on utilise l'inégalité de Minkowski.
∫R∣fn(x)−fm(x)∣ dλ(x)≤∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x) dλ(x)⋅1∫RE(x) dλ(x).\int_{\mathbb{R}} |f_n(x) - f_m(x)| \ d\lambda(x) \leq \int_{\mathbb{R}} |f_n(x) - f_m(x)| E(x) \ d\lambda(x) \cdot \frac{1}{\int_{\mathbb{R}} E(x) \ d\lambda(x)}.∫R∣fn(x)−fm(x)∣ dλ(x)≤∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x) dλ(x)⋅∫RE(x) dλ(x)1.
Puisque (N(fn−fm)<ϵ)( N(f_n - f_m) \lt \epsilon )(N(fn−fm)<ϵ) pour (n,m≥N)( n, m \geq N )(n,m≥N), cela implique que :
∫R∣fn(x)−fm(x)∣ dλ(x)<ϵ⋅∫RE(x) dλ(x)\int_{\mathbb{R}} |f_n(x) - f_m(x)| \ d\lambda(x) \lt \epsilon \cdot \int_{\mathbb{R}} E(x) \ d\lambda(x)∫R∣fn(x)−fm(x)∣ dλ(x)<ϵ⋅∫RE(x) dλ(x)
ce qui montre que (fn)n∈N(f_n)_{n \in \mathbb{N}}(fn)n∈N est également Cauchy dans (L1(R,λ))(L^1(\mathbb{R}, \lambda))(L1(R,λ)).
La suite (fn)n∈N(f_n)_{n \in \mathbb{N}}(fn)n∈N étant Cauchy dans (L1(R,μ))(L^1(\mathbb{R}, \mu)) (L1(R,μ)) entraîne qu'elle est aussi Cauchy dans (L1(R,λ))(L^1(\mathbb{R}, \lambda))(L1(R,λ)).
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BBerjito dernière édition par
@Noemi a dit dans Complétude de l'espace L^1(R) pour différentes normes :
[∫R∣fn(x)−fm(x)∣,dλ(x)≤∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x),dλ(x)⋅∫RE(x),dλ(x)1.]
Bonjour,
Je ne comprends pas comment vous obtenez l'inégalité
∫_R∣f_n(x)−f_m(x)∣,dλ(x)≤∫_R∣f_n(x)−f_m(x)∣E(x),dλ(x)⋅∫_RE(x),dλ(x)1
avec l'inégalité de Minkowski.
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L'inégalité de Minkowski stipule que pour deux fonctions fff et ggg mesurables, on a :
∫R∣f(x)+g(x)∣ dλ(x)≤∫R∣f(x)∣,dλ(x)+∫R∣g(x)∣ dλ(x).\int_R |f(x) + g(x)| \ d\lambda(x) \leq \int_R |f(x)| , d\lambda(x) + \int_R |g(x)| \ d\lambda(x).∫R∣f(x)+g(x)∣ dλ(x)≤∫R∣f(x)∣,dλ(x)+∫R∣g(x)∣ dλ(x).
On utilise la fonction E(x)E(x)E(x) comme un multiplicateur qui nous permet de contrôler l'intégrale.
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BBerjito dernière édition par Berjito
@Noemi
Bonjour,
Vous pouvez préciser, s'il vous plaît, comment à partir de l'inégalité de Minkowski, vous obtenez
∫R∣fn(x)−fm(x)∣,dλ(x)≤∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x),dλ(x)⋅1∫RE(x),dλ(x)∫_R∣f_n(x)−f_m(x)∣,dλ(x)≤∫_R∣f_n(x)−f_m(x)∣E(x),dλ(x)⋅\frac{1}{∫_RE(x),dλ(x)}∫R∣fn(x)−fm(x)∣,dλ(x)≤∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x),dλ(x)⋅∫RE(x),dλ(x)1
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Application de l'inégalité de Minkowski : Pour les fonctions fn(x)f_n(x)fn(x) et fm(x)f_m(x) fm(x) :
∫R∣fn(x)−fm(x)∣dλ(x)≤∫R∣fn(x)∣dλ(x)+∫R∣fm(x)∣dλ(x).\int_R |f_n(x) - f_m(x)| d\lambda(x) \leq \int_R |f_n(x)| d\lambda(x) + \int_R |f_m(x)| d\lambda(x).∫R∣fn(x)−fm(x)∣dλ(x)≤∫R∣fn(x)∣dλ(x)+∫R∣fm(x)∣dλ(x).
On introduit la fonction E(x)E(x)E(x) qui est positive et intégrable. En utilisant le fait que ∣fn(x)−fm(x)∣|f_n(x) - f_m(x)|∣fn(x)−fm(x)∣ peut être multiplié par E(x)E(x)E(x) et intégré, nous avons :
∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x) dλ(x).\int_R |f_n(x) - f_m(x)| E(x)\ d\lambda(x).∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x) dλ(x).
Pour obtenir une forme normalisée, on divise l'intégrale par ∫RE(x) dλ(x)\int_R E(x) \ d\lambda(x)∫RE(x) dλ(x) (en supposant que cette intégrale est non nulle) :
1∫RE(x)dλ(x)∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x)dλ(x).\frac{1}{\int_R E(x) d\lambda(x)} \int_R |f_n(x) - f_m(x)| E(x) d\lambda(x).∫RE(x)dλ(x)1∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x)dλ(x).
En associant ces résultats, on écrit l'inégalité souhaitée :
∫R∣fn(x)−fm(x)∣dλ(x)≤∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x)dλ(x)⋅1∫RE(x)dλ(x).\int_R |f_n(x) - f_m(x)| d\lambda(x) \leq \int_R |f_n(x) - f_m(x)| E(x) d\lambda(x) \cdot \frac{1}{\int_R E(x) d\lambda(x)}.∫R∣fn(x)−fm(x)∣dλ(x)≤∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x)dλ(x)⋅∫RE(x)dλ(x)1.
Cette inégalité montre que la différence entre fnf_nfn et fmf_mfm peut être contrôlée par une forme pondérée de cette différence, normalisée par l'intégrale de la fonction E(x)E(x)E(x).
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BBerjito dernière édition par
Je suis désolé mais je ne vois pas comment on passe de l'inégalité de Minkowski à l'inégalité
∫R∣fn(x)−fm(x)∣dλ(x)≤∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x)dλ(x)⋅1∫RE(x)dλ(x)∫_R∣f_n(x)−f_m(x)∣dλ(x)≤∫_R∣f_n(x)−f_m(x)∣E(x)dλ(x)⋅\frac{1}{∫_RE(x)dλ(x)}∫R∣fn(x)−fm(x)∣dλ(x)≤∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x)dλ(x)⋅∫RE(x)dλ(x)1
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On applique l'inégalité de Minkowski (ou Hölder) pour les fonctions ∣fn(x)−fm(x)∣|f_n(x) - f_m(x)|∣fn(x)−fm(x)∣ et E(x)E(x)E(x) :
[∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x) dλ(x)≥(∫R∣fn(x)−fm(x)∣ dλ(x))⋅(∫RE(x) dλ(x)).][\int_R |f_n(x) - f_m(x)| E(x) \ d\lambda(x) \geq \left( \int_R |f_n(x) - f_m(x)| \ d\lambda(x) \right) \cdot \left( \int_R E(x) \ d\lambda(x) \right).][∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x) dλ(x)≥(∫R∣fn(x)−fm(x)∣ dλ(x))⋅(∫RE(x) dλ(x)).]
Cela signifie que la moyenne pondérée par E(x)E(x)E(x) de la différence est au moins aussi grande que la différence elle-même multipliée par la mesure de E(x)E(x)E(x).En réarrangeant cette inégalité, on obtient :
∫R∣fn(x)−fm(x)∣ dλ(x)≤∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x) dλ(x)∫RE(x) dλ(x).\int_R |f_n(x) - f_m(x)| \ d\lambda(x) \leq \frac{\int_R |f_n(x) - f_m(x)| E(x) \ d\lambda(x)}{\int_R E(x) \ d\lambda(x)}.∫R∣fn(x)−fm(x)∣ dλ(x)≤∫RE(x) dλ(x)∫R∣fn(x)−fm(x)∣E(x) dλ(x).